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L’artiste comme diffuseur d’intériorité (citation de Jean-Yves Jouannais)

samedi 13 août 2005, par kl loth

Les hauts cris les plus véhéments suscités par l’idée de non production en art révèlent des esprits attachés à une conception de l’artiste comme artisan de sa subjectivité se devant de donner, de se donner. Comme si l’expressionnisme, qui n’est comme genre qu’une somme de conventions picturales, n’avait pas été une fiction promotionnelle, tributaire de la fable, née avec le romantisme, de l’indépassable richesse intérieure de l’artiste. L’artiste devrait n’être qu’un diffuseur d’intériorité à la manière de ces diffuseurs d’insecticide branchés sur secteur ; émanerait de lui, en continu puisque telle serait sa fonction, le catalogue de ses confidences, aveux, blessures, turpitudes, le tout emballé dans le papier cadeau étoilé des galaxies du Moi-Je.

(JOUANNAIS Jean-Yves, Artistes sans œuvres. I would prefer not to, Paris, Hazan, 1997, p. 151)

La conception de l’artiste comme diffuseur d’intériorité me semble une piste intéressante... permettant d’interroger les attentes qui pèsent sur l’artiste.

Cela fait surgir, en vrac, des questions telles que le droit de l’artiste à séparer son travail de son intimité, la spécificité de la fiction par rapport au réel, la possibilité pour un travail de se situer dans l’extériorité, la possibilité de faire un travail artistique de qualité, indépendamment d’un vécu personnel pas forcément hors du commun, la quête de sens de beaucoup de non-artistes par le biais de la production de journaux intimes etc.

Ces dernières années l’accent a tout particulièrement été mis sur des travaux autobiographiques, voire "autofictifs", souvent d’ailleurs d’un grand intérêt. Mais ils représentent un choix, nullement un dû à des attentes parfois malsaines du spectateur ou du lecteur.

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